Communique de Press: Le Grand Prix Prince Claus décerné à Market Photo Workshop

Photo By Siphosihle Mkhwanazi  Market Photo Workshop Cropped

Communique de Press, 6 Septembre 2018, Amsterdam

Market Photo Workshop. (c) Siphosihle Mkhwanazi

La Fondation Prince Claus a le plaisir d’annoncer le nom des lauréats des prix Prince Claus 2018. Les voici : 

Lauréat du Grand Prix Prince Claus

  • Market Photo Workshop (Institut de formation et plateforme culturelle, Afrique du Sud)

Les autres lauréats des prix Prince Claus

  • Adong Judith (dramaturge, cinéaste et réalisatrice de théâtre, Ouganda)
  • Marwa al-Sabouni (architecte, Syrie)
  • Kidlat Tahimik (artiste et cinéaste, Philippines)
  • Eka Kurniawan (écrivain, Indonésie)
  • O Menelick 2º Ato (journal indépendant et plateforme culturelle, Brésil)

Lauréate du prix Nouvelle Génération

  • Dada Masilo (danseuse et chorégraphe, Afrique du Sud)

SAR le prince Constantijn présentera les prix lors de la cérémonie qui aura lieu au Palais Royal à Amsterdam le 6 décembre. Les prix Prince Claus rendent hommage à des personnes individuelles et des organismes visionnaires pour l’excellence et le caractère innovateur de leur travail dans le domaine de la culture et du développement.

Le 5 décembre, les lauréats 2018 raconteront leur histoire à « Louter than Words », un événement public au Compagnietheatre à Amsterdam.

« Nous sommes heureux d’honorer les réalisations des lauréats de cette année et de lancer un nouveau prix pour la nouvelle génération. Chacun des lauréats, à sa manière, amène les gens à penser différemment, à être ouvert, à considérer l’histoire et la culture d’une autre façon. » 

Joumana El Zein Khoury, directrice de la Fondation Prince Claus

Le lauréat du Grand Prix Prince Claus 2018

Market Photo Workshop (Johannesburg, Afrique du Sud, 1989) a été créé durant les dernières années de l’apartheid pour mettre les savoirs visuels et l’art de la photographie à la disposition de toutes les races. A une époque où les Noirs ne pouvaient circuler en toute liberté, le célèbre photographe sud-africain David Goldblatt (1930-2018) a fondé Market Photo Workshop pour offrir des formations et des équipements photos aux Noirs sud-africains afin qu’ils puissent exprimer et communiquer visuellement leurs expériences. Au cours des trois décennies qui ont suivi, l’institut s’est beaucoup développé et s’est adapté à la situation postapartheid, tout en restant fidèle à l’esprit radical et aux idéaux de justice sociale de ses débuts. Actuellement dirigé par Lekgetho Makola, Market Photo Workshop est désormais une école aux multiples facettes et une plateforme culturelle de réputation internationale qui attire des étudiants de toute l’Afrique. L’école accompagne et soutient des artistes dans l’évolution de leur carrière, et continue à inculquer l’idéal d’une photographie engagée. Parmi ses nombreuses réalisations, il faut citer la création d’un puissant réseau local et régional, et la constitution de vastes archives visuelles d’une grande importance historique et sociale.

Les autres lauréats des prix Prince Claus 2018

Adong Judith (Gulu, Ouganda, 1977) est dramaturge, cinéaste et réalisatrice de théâtre. Ses œuvres suscitent des débats sur des sujets brulants pour changer les choses de manière positive. Sa première pièce, Silent Voices révèle les atrocités de la guerre de 20 ans contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Elle dénonce aussi le processus de rétablissement de la paix, posant les difficiles questions d’amnistie et de pardon, et confrontant les gens à leur passivité et leur complicité. Adong Judith sensibilise le grand public à l’histoire de personnes vulnérables et désavantagées, en Ouganda et dans le monde. Elle aborde dans ses œuvres des sujets aussi controversés que la lutte pour les droits des LGBTIQ en Ouganda, l’hypocrisie de la politique religieuse et de la politique liée à l’égalité des sexes, les pratiques locales de sacrifices d’enfants, les mensonges diffusés sur les réseaux sociaux et les horreurs du colonialisme. Adong Judith possède une maîtrise en production cinématographique et en arts médiatiques. Elle a également étudié la musique, la danse, les langues, la littérature et l’art dramatique. Elle est la directrice artistique de Silent Voices Uganda (2016), un organisme sans but lucratif qui se consacre au développement et à la production de spectacles artistiques. Silent Voices Uganda revivifie le théâtre ougandais et a un impact sur tout le continent grâce à son programme d’apprentissage qui rapproche de jeunes réalisateurs de théâtre et des accompagnateurs expérimentés. Adong Judith est la première personne de son pays à recevoir un prix Prince Claus.

Marwa al-Sabouni (Homs, Syrie 1981) est architecte et théoricienne de la ville. Elle considère que le devoir des architectes est de stimuler la cohésion sociale. Lorsque la guerre s’est emparée de Homs, la ville où elle habitait, elle a refusé de partir et, durant deux ans, elle est restée pratiquement prisonnière chez elle. Dans son autobiographie, The Battle for Home: The Vision of a Young Architect in Syria (2016) (Le combat pour un chez-soi : la vision d’une jeune architecte en Syrie), al-Sabouni analyse comment l’architecture et l’urbanisme ont joué un rôle dans la propagation de la violence et de la guerre civile en déréglant les relations entre les communautés et en fragmentant les sociétés. Elle a imaginé des propositions pour reconstruire le quartier de Baba Amr entièrement détruit, en se basant sur une organisation des espaces dans l’ancienne Syrie où les contacts entre les diverses classes sociales et les différents groupes ethniques étaient permanents. Dans ses articles et ses conférences publiques, al-Sabouni plaide pour une architecture centrée sur les rapports humains. Avec son mari, elle dirige la revue Arabic Gate for Architectural News, le seul organe de presse en ligne, en langue arabe consacré aux nouvelles sur l’architecture.

Kidlat Tahimik (Baguio City, Philippines, 1942) Kidlat Tahimik (dont le nom veut dire « éclair silencieux » en langue tagalog), est un artiste pluridisciplinaire et une force créatrice dans sa communauté. Il est appelé le parrain de la nouvelle vague du cinéma philippin. Ses œuvres vont du cinéma à la photographie, et de l’architecture de tressage free-style aux installations de sculptures. Alors qu’il travaille comme économiste pour l’OCDE à Paris, il s’enflamme pour le cinéma, déchire son diplôme de MBA, démissionne de son travail et se consacre corps et âme à la réalisation de son premier film. Perfumed Nightmare (Cauchemar parfumé) (1977) est le récit semi-autobiographique de son voyage vers le monde occidental et des désillusions qui ont suivi. Le film a reçu le prix de la Critique internationale à Berlin. Kidlat défend la culture indigène avec enthousiasme. Il organise des congrès de populations indigènes partout dans le monde. Ses étonnante œuvres d’art font mieux prendre conscience des problèmes de l’environnement. Il a imaginé et construit deux centres d’art d’une grande originalité avec des matériaux récupérés et en faisant appel à des artisans locaux. Les artistes et les artisans peuvent y exposer leurs œuvres. Il donne généreusement de son temps pour accompagner de jeunes créateurs et organise des workshops pour encourager une créativité indépendante.

Eka Kurniawan (Tasikmalaya, Java occidental, Indonésie 1975) est écrivain. Il explore l’histoire récente de l’Indonésie à travers la fiction. Kurniawan a étudié le grand écrivain indonésien Pramoedya Ananta Toer durant sa formation, mais il s’est par la suite éloigné du réalisme social pour développer un style personnel, d’une grande originalité. On a comparé ses livres à ceux de Gabriel Garcia Marquéz et de Haruki Murakami. Son premier grand roman, Beauty Is a Wound (2002)(La Beauté est une blessure), est une satire pleine d’humour mais aussi une tragique épopée familiale qui aborde des sujets rarement débattus : les violences physiques et sexuelles du passé colonial hollandais, l’occupation japonaise, et la dictature et le génocide du régime de Suharto. Pour raconter les expériences réelles de la population dans leurs multiples facettes, Kurniawan utilise et combine des éléments tirés des coutumes du folklore local, des récits oraux, un réalisme magique, les arts martiaux indonésiens et les bandes dessinées d’épouvante. Ses romans, nouvelles, essais, scénarios et ses romans graphiques, abolissent les barrières sociales et touchent les publics les plus divers en les distrayant avec des histoires locales qui étalent au grand jour de terribles vérités historiques.

O Menelick 2º Ato – Menelick Act 2 (Sao Paulo, Brésil, 2010) est une plateforme indépendante qui rend la culture afro-brésilienne plus visible dans son pays. Fondée et dirigée par le journaliste et photographe Nabor Jr, O Menelick 2o Ato donne une seconde vie au tout premier journal noir du Brésil qui s’appelait Menelick. Lancé par un poète en 1915, il n’a duré que très peu de temps. Moins de la moitié de la population du Brésil s’auto-identifie comme blanche et la plupart des Brésiliens sont d’ascendance mixte, et pourtant les gens de couleur sont pratiquement absents des médias de leur pays. Seul journal consacré à la culture noire au Brésil, O Menelick 2o Ato donne aux théoriciens et aux artistes afro-brésiliens un espace pour partager leurs visions et communiquer les préoccupations et les productions de la communauté noire contemporaine au Brésil. Ce magazine trimestriel d’avant-garde, sans but lucratif, est publié en ligne et sur papier. Il est distribué gratuitement dans les bibliothèques et lors d’événements culturels, mais aussi dans les zones de conflits de Sao Paulo. Couvrant la musique, le théâtre, le cinéma, la danse, les arts plastiques, la photographie, la mode, la littérature, la poésie et les expressions urbaines populaires telles que l’art clownesque et le hip-hop, il permet à de nombreuses personnes individuelles et à des collectifs de se faire connaître auprès d’un large public.

Le prix Nouvelle Génération 2018

Dans le cadre de l’attention donnée par la fondation au développement et au financement d’activités avec et pour les jeunes (de 15 à 35 ans), la Fondation Prince Claus lance le prix Nouvelle Génération, qui récompense une initiative exceptionnelle ayant une influence positive sur la vie des jeunes et sur les perspectives qui leur sont proposées.

Dada Masilo (Soweto, Afrique du Sud, 1985) est une danseuse et une chorégraphe qui prend de grands risques esthétiques en réinventant les classiques pour parler de l’identité noire et du féminisme. Elle utilise un langage chorégraphique absolument nouveau qui combine mouvements et rythmes africains avec le ballet traditionnel et la danse contemporaine. Ses créations traitent de sujets contemporains, tels que la stigmatisation et le rejet social autour du VIH/sida, les violences domestiques et les mariages arrangés. Elles sont interprétées sur un mélange de musiques et de sons africains et occidentaux. Masilo a grandi à Soweto, elle a étudié la danse classique et contemporaine à la Dance Factory en Afrique du Sud, puis à PARTS - Performing Arts Research and Training Studios - à Bruxelles pendant 2 ans. Elle est artiste en résidence à The Dance Factory qui emploient ses danseurs. Adong Judith a créé et interprété onze œuvres originales, parmi lesquelles des versions personnelles de Roméo et Juliette, de Carmen, du Lac des Cygnes et de Giselle (élu Meilleur Spectacle 2017 par le magazine Danza&Danza). Elle collabore avec d’autres chorégraphes et artistes (parmi lesquels William Kentridge).

Note concernant la sélection

Le Comité des Prix Prince Claus est une commission internationale composée de professionnels indépendants travaillant dans le domaine de la culture et du développement. Ils sélectionnent les lauréats des Prix Prince Claus parmi les nominés proposés par des membres du vaste réseau de la fondation, sur la base de critères tels que la qualité, l’innovation et l’impact de leur travail. Le processus de sélection inclut une étude intensive et l’acquisition d’un second avis menées par le bureau de la fondation.

Montants des prix

Le Grand Prix Prince Claus : 100 000 €

Prix Prince Claus : 25 000 €

Prix Nouvelle Génération : 20 000 €

Comité des Prix Prince Claus 2018

Solange Farkas (présidente), curatrice, Sao Paulo, Brésil

Sheikha Hoor Al Qasimi, curatrice et artiste plasticienne, Sharjah, Emirat de Sharjah

Defne Ayas, curatrice, Rotterdam, Pays-Bas / Berlin, Allemagne

Tejumola Olaniyan, professeur de langues africaines et anglaises, et de littérature, Madison, Etats-Unis

Manuel de Rivero, architecte et urbaniste, Lima, Pérou

Fariba Derakhshani est coordinatrice du programme des Prix et secrétaire du Comité des Prix.

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Note pour la rédaction

Pour des demandes d’interviews, des informations complémentaires ou du matériel visuel, veuillez contacter :

Martine Willekens, Prince Claus Fund Communications

[email protected] | +31(0) 20 344 9160 | +31 (0) 6 53 60 04 31